It's raining again...


La Mousson Louis Bromfield Editions d'origine épuisées, mais dans toutes les bibliothèques et dans différentes collections.

J'ai décidé aujourd'hui de vous présenter un vieux compagnon de route, un livre, publié en 1937 qui m'accompagne depuis mon adolescence et que je relis tous les 3 à 4 ans, y découvrant toujours le même plaisir, y découvrant toujours de nouveaux éclairages.

Nous sommes en 1936, dans l'Etat de Ranchipur, dirigé sous le "protectorat" anglais par un vieux maharadjah de manière humaniste et éclairée.

C'est la fin de la saison sèche, et la mousson salvatrice se fait attendre.

Louis Bromfield commence par nous faire visiter sa galerie de portraits : Ransome tout d'abord, l'anti-héros blesssé par la guerre et les débauches, aristocrate anglais qui se détruit dans l'alcool, fasciné, hypnotisé par les Indes, mais aussi un couple de missionnaires étriqués à merveille, une Maharani grande dame, un duo de vieilles demoiselles institutrices, une vieille dame pleine de malice et de sagesse, un médecin hindou épris de liberté, une jeune fille résignée, une jeune fille révoltée, une aristocrate anglaise expérimentée dans pas mal de domaines et son millionnaire parvenu de mari. Chacun de ces personnages, parfois stéréotypés lors de cette première approche, nous est présenté dans une lente approche, avec un luxe de détails nous permettant de saisir au plus près leurs pensées.

Et il fait chaud. Si chaud et si lourd. Je vous conseille de lire ce livre en été, sur la plage, pour éprouver toute la pesanteur de cette chaleur. (Moi, je l'ai relu à Noël, pour me réchauffer...) Vous vous surprendrez à guetter le ciel, encore et encore....

Jusqu'au point de fusion, jusqu'au point de scission, jusqu'à l'explosion, le coup de tonnerre du début de la Mousson. La Mousson qui va devenir une catastrophe, la mousson qui va engloutir, la mousson attendue comme le renouveau de la vie va apporter l'épidémie et la mort.

La Mousson va permettre à chacun de se révéler, elle va dépouiller chacun de ses artifices, et nous amener à voir l'être humain qui se cache sous les stéréotypes.

Pour certains, la Mousson sera l'occasion de la rédemption, pour d'autres, elle fera éclore la honte, la mort, la petitesse et les bassesses, mais aussi l'amour et l'envie de vivre.

Outre l'attachement que peuvent provoquer certains personnages, Louis Bromfield, jusque dans ses propres préventions et automatismes, nous donne à voir l'Inde d'avant la seconde Guerre Mondiale, l'Inde qui veut se libérer, le système social hérité du XIXème siècle qui craque aux coutures. Jusque dans sa hiérarchisation des inquiétudes et des menaces diverses qui assaillent ses héros, sa manière désinvolte et légèrement méprisante de considérer le peuple indien, entité grouillante et malodorante, est une indication de plus.

Loin d'être un auteur raciste ou colonialiste, comme nous aurions tendance parfois à le penser avec nos yeux actuels, Louis Bromfield nous conte l'émergence de l'idée d'indépendance chez les Blancs dominants et l'affranchissement du sentiment d'infériorité chez les colonisés et les soumis(e)s. Rien n'y est noir ou blanc, l'auteur nous conduit avec douceur et délicatesse au travers des intentions cachées, des sentiments déguisés et des hypocrisies de toute sorte.

Certains considèrent qu'il ne s'agit pas là de grande littérature. Peut-être. Qu'il s'agit d'un style dépassé. Peut-être.

Ce livre, que je n'ose qualifier de roman-fleuve, m'a apporté des joies et des horizons qu'un grand nombre d'ouvrages plus renommés ne m'ont jamais amené et chers amis, je ne saurais trop chaudement vous recommander de le lire.

Pour en savoir plus, une description plus détaillée ici ou et quelques éléments sur le film qui en été tiré .

Article écrit au son du seul, de l'unique, de l'irremplaçable Francis Cabrel

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Eh bien je note, car voilà un titre que j'ai aperçu dans les bouquineries sans savoir de quoi il s'agissait... Et moi aussi j'écoute Francis, ze one and only!

Anonyme a dit…

J'allais noter quand j'ai lu le mot "épidémie"... C'est pourtant tentant! Peut-être si un jour je deviens un peu moins hypocondriaque!!!

Anne a dit…

@ Fashion Tu ne le regretteras pas. Dans la grande tradition de GWTW à mon avis... Concernant Francis, que dire ? Tu as un goût excellent, ça ne se discute pas (Enfin, meilleur qu'à ton époque Jeanne M.)

@ Karine Ne t'inquiètes pas, le microbe ne se transmet pas, et ce n'est vraiment pas le sujet central du livre, tu peux y aller

NatduVénéz a dit…

la mousson... C'est super la mousson tant qu'on n'est pas dessous...
Le livre a l'air passionnant et il me rappelle un autre film, plus récent mais je n'arrive pas à me souvenir du titre...
Je reviens ici dès que ca me revient...

Anne a dit…

Nat c'est vrai que tu as connu ça, la mousson, toi !! Mais justement,le tableau est loin d'être rose. Pour le film je ne vois pas du tout, donc je t'attends :-)

Anonyme a dit…

Ah, voilà un auteur que j'ai bien envie de lire depuis longtemps... ravie de découvrir ton blog au passage :)

Anne a dit…

Lou Bienvenue à toi.. et je t'assure, tu ne le regretteras pas...

 

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