Comment porter le chapeau

Chers amis, aujourd’hui, de retour après une très vilaine grippe, m'ayant condamnée durant 1 semaine à essayer de décider, grâce à une relecture asidue, duquel est le plus sexy, Ranger ou Morelli, je vais vous entretenir d’un sujet d’une importance cruciale pour une provinciale.

Et attention, je ne vous parle pas de la « vraie/fausse provinciale » de grande ville qui, joie pour elle, dispose d’un vaste choix de boutiques de mode, mais bien de la provinciale de base, celle de la petite ville ou de la campagne (Oui, horreur) (Oui, je plaisante), qui dispose dans le meilleur des cas d’un accès à 3 ou 4 boutiques de grandes chaînes type p*mkie ou k*okaï, plus 2 magasins grandes tailles et un chapelier spécialisé dans la casquette en tweed et le bibi pour mère-de-la-mariée.

Et c’est là que les choses se corsent. Car une provinciale comme moi, pour bourgeoise et rangée qu’elle soit, a parfois des passions inavouables. Ainsi, j’adore porter le chapeau. Enfin, depuis mon adolescence, j’adore porter quelque chose sur la tête.

C’est ainsi qu’à 17 ans, je me promenais crânement dans les rues de C*, 30 000 habitants, coiffée d’une casquette en velours noir… sous les quolibets pas forcément flatteurs de mes con-génères. Et pourtant, j’ai retrouvé des photos, elle m’allait vraiment très bien cette casquette, et cette année-là, on en voyait dans tous les magasines. Mais l’ado de province moyen des années 80 avait du mal à accepter la mode autre que jean/sweat/basket. Ajoutez à cela que mon amour des livres, du latin et des poètes allemands ne me rendait pas forcément populaire dans mon lycée, et vous aurez une vague idée du cauchemar absolu que représente pour moi mon adolescence ! Néanmoins, un petit côté provocateur bien enfoui, voire même un esprit de contradiction bien ancré, m’a fait persister dans le port de la casquette durant out l’hiver. A noter d’ailleurs que j’ai porté à nouveau ce couvre-chef lors de mon entrée en fac, dans cette grande ville ch’ti de L. et ce sans aucune remarque de qui que ce soit.

Après quelques années de travail dans une ville de la côte où le vent ne s’arrête jamais, j’ai perdu l’habitude de me couvrir la tête, ma casquette fétiche s’étant envolée, un jour de grande marée.

Et puis, il y a quelques années, le côté « fashion victim » s’est réveillé en moi, lors d’un samedi « shopping » à Paris. Devant moi, des avalanches de chapeaux, bibis, casquettes, bonnets, cloches, feutres… s’étalaient devant mes yeux hagards. J’ai ainsi fait l’acquisition d’un chapeau en velours prune et d’une nouvelle casquette en velours noir (Il y a quelque choses entre moi et les casquettes noires, ça ne se discute pas, c’est comme ça !).

Le lundi suivant, j’enfonçais donc crânement (Je sais, je sais, je n’ai pas pu résister…mais c’est lundi et je suis encore un peu balade…) mon chapeau sur mon occiput et partis au travail.

…et rien n’avait changé…

… sauf la manière de l’exprimer…

Le provincial de base, donc, se contente de chuchoter, de se pousser du coude, de se retourner et de retenir ostensiblement un fou-rire…

J’ai vérifié ces différentes attitudes avec les deux galurins sus-mentionnés, avec d’autres casquettes, avec un vrai béret basque rouge pétant, avec un magnifique chapeau noir, avec des maxi-bonnets… mais avec une nuance…

Alors que l’année dernière j’amenais la marmaille à l’école dûment couverte, je sentis quelques regards envieux…

En 2 semaines, nous étions une dizaine à arborer nos préférences, aidées par la mode de la casquette en tweed ayant pénétré avec retard jusqu’à la bonne ville de A. , 40 000 habitants.

Je me pose quand même des questions sur moi-même, puisque du jour où j’ai vu d’autres personnes arborer ce type de coiffure, je n’ai plus mis la mienne, mais d’autres plus originaux.

Cette année, les -10 à -12° ayant régné un moment dans ma douce et riante contrée, le maxi-bonnet en laine s’est bien porté chez certaines jeunes (Oui, enfin, jeunes, de mon âge, quoi !) femmes, pour la plus grande joie de nos oreilles transies.

Il semble donc que le chapeau se démocratise…

A mon avis, ils sont mûrs pour que j’essaie la maxi-capeline cet été…

Et vous, vous aimez porter le chapeau ?

PS Pour moi, le plus sexy, c'est Morelli, évidemment...
PPS Avec une petite touche de Ranger de temps en temps quand même, faut pas être obtuse, non plus...

Nous sommes deux soeurs jumelles !


Jincy Willet Gloire, honneur et mauvais temps 10-18


Voilà un livre qui m’a valu bien des tergiversations, chers amis. Autant le titre et la couverture me paraissaient alléchants et prometteurs, autant la 4ème de couverture refroidissait mes ardeurs. J’ai d’ailleurs fini par craquer et acheter ce livre. (Alors que je ne craque bien évidement JAMAIS pour un livre, chers amis) (Vous m’avez crue, j’espère ?)

L’intrigue tient en quelques mots : Abigail et Dorcas sont jumelles et totalement dissemblables. L’une, Abigail, est en prison, accusée de meurtre, l’autre, Dorcas, bibliothécaire de son état, lit la biographie de sa sœur et à sa manière caustique et ironique, se souvient.


L’un des thèmes principaux de ce livre est bien sûr la dualité de l’être humain, illustrée tout d’abord par le dialogue impossible des 2 sœurs, l’une le corps et l’autre l’esprit. Telles deux faces du même Janus, elle entretiennent un rapport d’amour-haine d’autant plus fort que l’une d’entre elles semble l’ignorer superbement. Dualité également des personnages masculins, en retrait mais sans qui rien n’arriverait jamais : 2 écrivains, 2 aspects aussi détestables l’un que l’autre de la littérature : Un poète obsessionnel et abscons de la géographie féminine intime, universellement admiré-et-incompris et son ami d’université, dont il s’avère être le souffre-douleur, auteur à scandale de biographies trash de stars en tout genre.


La narratrice, grâce à un art maîtrisé des digressions qui finalement n’en sont pas, nous fait en outre profiter des théories réjouissantes de Dorcas sur les vrais et faux yankees, dessinant en filigrane un questionnement proprement américain sur l’identité, au travers d’une écriture fine et délicate, dessinant, par petits aplats de peinture au couteau, le portrait d’une Amérique amère et sclérosée.

Au final, un premier roman bourré d’humour et sans concessions, que je vous recommande chaudement, chers amis, et dont vous pourrez lire un extrait ici. Je n'ai pas trouvé d'autre avis, (Je n'ai pas beaucoup cherché, à vrai dire, hum) mais vous pouvez me les signaler.

Hypocrisie, traditions et petits fours

Attention, post formellement déconseillé aux âmes sensibles, particulièrement en cas de digestion difficile sur foie malmenée par des abus réveillonesques .…

Avez-vous remarqué ?

Depuis quelques jours, elle est revenue…

La phrase qui tue.

"Bonne année et bonne santé, la santé surtout. C'est le plus important, hein"

La phrase sincère, aux termes choisis, pas du tout convenue, pas du tout attendue, prononcée et entendue dans l’amour du prochain le plus parfait…

Certes, chers amis, je sais à quel point il est difficile d’être original dans ce genre de circonstances. Et aussi, que la santé est la condition sine qua non d’une vie convenable. Je me fends personnellement d’un sobre « Meilleurs vœux » accompagné d’un sourire, qui ne m’engage pas à grand-chose et permet à mon interlocuteur de choisir lui-même sur quel élément de sa vie il est nécessaire que se portent ces vœux.

Mais cette phrase, en 2 jours de labeur au sein de notre glorieuse administration, j'ai dû l'entendre, au bas mot 50 fois, dite à moi, dite à d'autres, et SURTOUT dite au téléphone à ses interlocuteurs par ma collègue la plus proche.

Au secours.

Je déteste les 15 premiers jours de janvier.

En général, je m'arrange pour ne pas trop errer dans les couloirs... Mais la nature a tout de même quelques exigences... Sans parler des réunions et autres joyeusetés de la vie de bureau.

Il s'avère que j'ai beaucoup de mal à être hypocrite. En général, je porte mes dégoûts et mes antipathies peints sur le visage.

Alors l'idée de devoir bisouiller 2 voire 4 fois les joues de personnes dont la plupart me sont au mieux indifférentes me dégoûte un peu.

Et puis, le mail fatal est arrivé cet après-midi.
" M. le Grand Manitou Supérieur vous invite à la cérémonie (sic) des vœux, mardi 13 à 16H".

Arghhhh

LES VŒUX DU DIRECTEUR

Speechs aussi inintéressants qu'obligatoires, (Heureusement brefs, le Directeur n'aime pas les vœux non plus).
Verres de cocktail de jus de fruits. (Je travaille dans un " groupe " où le Règlement Intérieur interdit " l'introduction de boissons alcoolisées dans les locaux du service ") (On sait rire dans la Fonction Publique Française !!)

Petits fours et hypocrisie.

Bonne année, bonne santé léchons-nous le museau, y'a d'la joie.

Je n'aime pas embrasser les gens que je connais à peine. Surtout ceux qui EN PLUS vous tiennent l'épaule. (Comme ça, tu ne peux plus te sauver hinhinhin)

Mais il y a pire.

Il y a quelques années, j'avais un collègue.

En fait, un adjoint.

Qui puait.

D'ailleurs, en famille, nous le surnommions, " Le puant ".

Et croyez-moi, il y avait de quoi.

Précaution oratoire : Tout ce qui va suivre est RIGOUREUSEMENT EXACT. Je n'ai exagéré aucune réalité pour vous amuser (ou vous dégoûter). C'est la vérité pure, mes collègues et moi-même avons beaucoup souffert. Sans rire.

Or donc, ce monsieur, appelons-le Pedro, ne se lavait JAMAIS. S'était-il déjà lavé dans sa vie, j'en doute. Imaginez un petit homme très très maigre, très laid (Il n'y était pour rien, mais en plus il ressemblait à un rat, le pauvre), la bouche pleine de moignons de dents noires, le visage blanc, avec 2 furoncles, dont un dans le cou qui éclatait régulièrement. (La seule peur de sa voisine de bureau était que la chose éclate au travail). Etant donné les endroits où il se grattait, d'autres furoncles devaient parsemer son anatomie à des endroits stratégiques (Oui, à cet endroit là, oui).

Il avait 2 costumes, datant des années 70, vu l'allure du col et la largeur des bas de pantalons. Un gris foncé, un gris clair. Des pulls de la même époque, et les chemises assorties. Le tout devait être rarement lavé, et nous faisait vérifier de visu la véracité d'une expression : " Jaune devant, marron derrière ". En plus, il augmentait régulièrement le trou de la couche d'ozone.... C'était atroce.

Nous avons tout, absolument TOUT essayé pour essayer de lui faire découvrir les joies pures de l’hygiène et du savon, sans parler du déodorant…


Mais pourquoi je vous parle de Pedro alors que j'en étais aux vœux de bonne année ?


Parce que tous les ans, il fallait y passer.

La bise.

C'était une hantise pour toutes. Les collègues masculins rigolaient. Les joues collaient. On était dangereusement proche du furoncle.

Les stratégies d'évitement ne fonctionnaient pas, Si tu y échappais un jour, tu n'y échapperai pas le lendemain.

D'où, le 2 janvier, présence obligatoire dans mon sac d’un kit d’hygiène de base en milieu hostile (serviette, gant, savon, crème…). « Bonne année, Pedro ».. et hop aux toilettes pour un récurage complet. (Pour le serrement de mains journalier, les boites de lingettes pour bébé sont très efficaces aussi).

C'est sans doute à cause de lui que je n'aime pas les vœux.

Je ne peux pas m'empêcher de me demander.

Et celui-là, il s'est lavé ?



Très bientôt dans ce blog, des lectures passionnantes, des bonnes résolutions et les résultats d’un dur labeur anti-dépression hivernale
 

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